Caméra danse


Jean Miaille
Août 2022

A mes amis danseurs !

Cela fait huit ans que j'ai entrepris de filmer la danse. Je l'ai fait sans but réellement précis sinon de produire une image en mouvement des corps en mouvement, sorte de prolongement naturel à la photographie qui, elle, donne une image du mouvement en figeant le geste.

Peut-être y-a-t-il derrière cela une philosophie du mouvement qui me taraude l'esprit ? Il y a des rapprochements qui mettent un certain temps à s'opérer. A la mort de Peter Brook, alors que j'écrivais un petit texte évoquant ma rencontre avec lui, m'est revenu en mémoire que cette rencontre s'était produite dans le cadre d'activités s'appelant "les Mouvements".

Cela dit, je ne connais rien à la danse, mais je l'aime. La vie m'a envoyé derrière l'objectif. Je filme la danse comme si je pouvais l'embrasser. J'utilise un matériel léger, d'une mise en oeuvre technique simple pour tournoyer autour des circonvolutions de la danse, sans entrave.

Ce côté intime n'est qu'un aspect de ma démarche. J'ai la formation d'un documentariste. J'aime donner à voir, à connaître. Je filme la danse avec le désir d'en restituer le plus fidèlement les subtilités. J'ai eu la chance d'avoir comme professeur de cinéma, Jean Rouch, considéré comme l'un des pères du cinéma ethnographique. Il y a dans toute danse des repères ethnographiques.

Le tournage

J'ai mis en certain temps à maîtriser mes cadrages pour que les deux approches puissent cohabiter sans se contredire ou s'annihiler. J'essaie d'alterner des plans larges, avec des mouvements de caméra réduits et des plans plus serrés, notamment sur les visages, les mains... en laissant la danse entraîner le mouvement de la caméra.

Les danseurs ont l'habitude de se produire devant un public. Il y a entre eux et lui une frontière qui détermine la règle du spectacle et, de façon, plus intime assure leur protection : on ne voit que la face en lumière et non pas les tortures, dans l'ombre, que la danse exerce sur les corps.

Tourner autour

J'assume être un affreux jojo qui se plaît à "tourner autour" de la danse. Cela peut être utile d'un point de vue documentaire, lorsque le film veut sortir du spectacle ou de la chorégraphie qui se joue. Mais cela ouvre aussi de nouveaux horizons pour une expression dansée produite en direction de l'audiovisuel. C'est bien pourquoi je crois qu'il est incontournable de tourner autour, si l'on veut bien me pardonner ce paradoxal jeu de mots.

J'ai eu, de ce point de vue, des expériences très diverses. Je ne m'étendrai pas sur les danses de rue, les danses festives, les spectacles participatifs très agréables à filmer mais qui obligent à un strict point de vue documentaire. Je veux néanmoins citer les grandes manifestations de l'hiver 2020-2021 pour la survie culturelle, face aux restrictions sanitaires.

L'hiver d'une culture combative

Plusieurs événements m'ont particulièrement marqué :
- Une démonstration de danse, danseurs, musiciens et public confondus dans une même soif de vie, sur la Grand Place de Lille - http://play.cinet.fr/12mars



- La venue de HK, sous les balcons du Théâtre du Nord en lutte, le public reprenant en choeur sa célèbre chanson : "Nous, on veut continuer à danser ensemble" - http://play.cinet.fr/hk
- Le quatuor de l'Orchestre national de Lille faisant danser des jeunes artistes sur une chorégraphie de Maud Persyn, en interprétant "La jeune fille et la mort", de Schubert, devant le siège de l'orchestre et un public nombreux - http://play.cinet.fr/maud

Ces films deviendront peut-être des documents d'époque. Ils montrent un retour marquant de la culture au coeur des luttes sociales.

Captation ou réalisation audiovisuelle

Concernant les spectacles au sens classique du terme, à mon sens, il n'est guère intéressant de les filmer en présence d'un public qu'il ne faut pas déranger. C'est le point de vue documentaire "peau de chagrin", celui d'une simple captation. La caméra, voire les caméras doivent être positionnées loin de la scène. Aucune osmose entre elles et les danseurs n'est réellement possible. Pour des raisons optiques, liées à cet éloignement, les images sont plates.

En revanche, interpréter une pièce pour l'audiovisuel offre des perspectives nouvelles. Je prends souvent l'exemple du Dom Juan de Molière, filmé par Marcel Bluwal pour la télévision, en 1964. Michel Piccoli est Dom Juan, Claude Brasseur, Sganarelle, Anouk Ferjac, Dona Elvire. Tourné en décors naturels, le film a donné un nouveau souffle à l'oeuvre de Molière, permettant à des millions de français, notamment dans les milieux populaires, de la découvrir. Imagine-t-on ce qu'aurait pu être ce film si Molière, lui-même, avait pu y mettre la main à la patte, avec le réalisateur.

Autour du décor, l'inspiration

Dans l'optique d'une réalisation audiovisuelle, la question du décor prend une place particulière. D'une façon ou d'une autre la danse se retrouve hors ses murs. Dès lors, le décor peut n'être qu'un vaste plateau vide, une construction ad hoc, l'exploitation d'un site existant, une ouverture vers l'extérieur. Dans tous les cas de figure il résulte d'un choix, doublement fonction du sens de l'expression dansée et de sa mise en image.

Le décor peut être changeant, plus ou moins présent, sa mise en image peut le distancier de la danse ou au contraire le mêler jusqu'au choc à celle-ci. D'une façon générale, plus une chorégraphie est écrite en amont d'un choix de décor, moins le décor doit s'imposer. A l'opposé, un décor peut s'avérer un puissant stimulant pour l'improvisation ou pour l'élaboration d'une chorégraphie.

On imagine mal Maurice Béjart ne pas avoir été hypnotisé par les ruines de Balbeck, au Liban, lorsqu'il y a présenté son Ballet du XXe siècle, en 1966.

Des chorégraphes ou des danseurs peuvent à leur tour solliciter l'audiovisuel pour installer la danse dans des lieux improbables. Ainsi j'ai eu le plaisir de filmer Sarah Duthille dans l'une de ses recherches, évoluant dans le singulier décor d'une grotte réalisée en bois de cagette, par le collectif Artimuse, à Fresnes-sur- Escaut - http://play.cinet.fr/duthille_grotte



Il est possible, également, et même souhaitable d'inviter la danse et l'audiovisuel dans des lieux hautement évocateurs, par exemple, dans des innombrables édifices du patrimoine de notre pays ; danse et patrimoine se valorisant l'un par l'autre dans de jolis pas de deux.

Au rendez-vous des arts

La danse peut également rencontrer d'autres arts, non comme décors, cette fois, mais dans une connivence dynamique. Cela peut sembler aller de soi pour les arts du spectacle vivant, la comédie, notamment, ça l'est moins pour les arts plastiques.

J'ai fait une expérience très intéressante en ce sens, avec une danseuse, Sarah Nouveau, et une sculptrice, Caroline Chopin, dans un film intitulé "Du geste à l'empreinte" : l'une danse, l'autre sculpte ; le mouvement de la première se fige dans la matière que malaxe l'autre, tandis que le film interroge sur ce qui semble un mouvement perpétuel qui se fige perpétuellement - http://play.cinet.fr/geste

Je revendrai plus loin sur la place particulière de la musique au coeur de la danse.

Ma première direction

Je souhaite filmer de courtes chorégraphies créées pour la scène, en les transposant dans des décors adaptés. Je souhaite que s'établisse entre chorégraphe et réalisateur un lien qui soit source d'une véritable plus-value artistique.

Dans l'immédiat, j'ai à l'esprit "D'Etat", de Delfine Thelliez, avec sa
compagnie, une pièce que j'ai filmée en répétition aux Studios Nord, à Lille Fives et que je n'ai malheureusement pas pu voir sur scène. J'ai également à l'esprit "Zonardes" de et avec Anne-Charlotte Zuner et Amandine Dusart, une pièce en gestation dont j'ai pu voir un premier jet.


Le montage

La danse ainsi revisitée fait appel à un élément propre à toute cinématographie : le montage. Je filme volontiers en plans-séquences. Il faut bien dire que c'est assez excitant d'obtenir un continuum visuel d'un moment improvisé, par exemple. J'en ai fait plusieurs fois l'expérience, notamment avec Marie Leullieux qui développe une énergie aussi généreuse que belle - http://play.cinet.fr/solml

Mais dans le cadre d'une chorégraphie existante, il est préférable de réaliser plusieurs prises - quitte à les réaliser en plans-séquences - afin de pouvoir effectuer un montage qui épouse les respirations de cette chorégraphie... et permet d'éliminer les plans ratés. C'est le procédé que j'ai utilisé pour "La Bohème", une pièce chorégraphiée et dansée par Amandine Dusart et François Debaecker, sur la célèbre chanson de Charles Aznavour, filmée sur le kiosque de Wambrechies - http://play.cinet.fr/boheme

Trois mois aux Studios Nord

Au cours de l'hiver 2022, j'ai eu l'opportunité de suivre les activités des Studios Nord, situés dans le quartier populaire de Fives, à Lille. Avec la directrice des Studios, Mélanie Plankeele, nous avons réalisé une série de 11 épisodes de 5 mn, traduisant la diversité des pratiques dansantes et des publics dansants, depuis la formation des enfants à la danse et aux percussions africaines, jusqu'à des cours de danse de haut niveau. Cette expérience très enrichissante marque un tournant pour moi - http://studiosnord.cinet.fr/



J'ai notamment pu filmer la mise en place d'une chorégraphie de Delfine Thelliez, "D'Etat", lors de répétitions avec les danseurs de sa compagnie, D'Cie, ainsi que les premiers pas d'une création chorégraphique évoquant l'abolition de l'esclavage aux Etats-Unis, création menée au fil des répétitions par les danseurs eux-mêmes : deux femmes : Mélanie Plankeele, Delfine Thelliez ; deux hommes : Papis Koite, Mathias Ganhounouto.

Pour la première fois se posait à moi la question non pas de la représentation de la chorégraphie, mais de l'image même de celle-ci ; celle qui est la véritable maîtresse du mouvement et que l'on ne voit pourtant pas en tant que telle, parce que l'on se trouve aspiré - c'est le jeu - par la représentation qu'en donne les danseurs, avec leur corps de chair et de sang.

C'est là que le montage m'est apparu l'allié incontournable pour avancer vers un sorte d'introspection visuelle de la danse. Il ne s'agissait plus de mettre bout à bout, dans le bon ordre et le bon timing, les plans restituant une danse, mais au contraire de déstructurer ce bon ordre pour le faire apparaître en tant que tel.

Double approche

J'ai opté pour un système mixte : le montage classique consistant à alterner plusieurs prises d'une même séquence, sous des angles différents, de façon à mettre en relief la continuité du mouvement, et un montage par répétition consistant, au contraire, à présenter, à la queue leu leu, les prises d'une même séquence, sous un angle identique, soulignant la stabilité - ou les variations - de l'expression des danseurs.

Au montage, dans le cadre de la mise en place d'une chorégraphie, je m'attachais à alterner la méthode classique et la méthode par répétition en fonction de l'appropriation de la chorégraphie par les danseurs. C'est une approche qui peut sembler rébarbative, d'un intérêt strictement documentaire, qu'il n'est peut-être pas judicieux de montrer au public. En revanche, ce peut être un outil utile pour les danseurs et les chorégraphes. Peut-être.

Pour la création chorégraphique au fil des séances de travail, en revanche, la dialectique entre le montage classique et le montage par répétition permet de mettre en lumière tout le sel du travail créatif. Le montage construit l'archéologie, l'histoire d'une chorégraphie.

Mais il faut être honnête, le montage peut détruire une chorégraphie aussi bien que la servir. Ou plus exactement, il est très facile, avec un mauvais montage, de passer à côté de la transcendance artistique d'une oeuvre chorégraphique et de réduire la danse à la gymnastique des danseurs, si brillante soit-elle.

Il y a quelque chose de facétieux dans l'exercice du montage, qui offre la possibilité de nombreux subterfuges. N'oublions pas que le cinéma est un art de l'illusion. Il me semble que les protagonistes d'un projet ou d'une réalisation - ceux devant comme ceux derrière la caméra - doivent travailler main dans la main, notamment au moment du montage.

Mon atelier est ouvert.

L'improvisation

C'est sans doute en filmant des improvisations que j'ai ressenti le plus intensément l'apport de l'audiovisuel et son basculement de la dimension documentaire vers la direction artistique. Caméra et montage se trouvent mobilisés pour tout autre chose que la restitution d'une réalité. L'audiovisuel devient un outil de création chorégraphique.

Aux Studios Nord, j'ai pu observer chez certains amateurs ou débutants, un réel feu pour la danse, notamment pour les danses africaines. Au-delà de la question des apprentissages, des savoir-faire, des compétences, le véritable lâcher-prise auquel invite les danses d'Afrique, produit de la joie de vivre, du bon et du beau.

Cela nous renvoie à une singulière dialectique : la danse est certes quelque chose qui s'admire mais c'est avant tout quelque chose qui se pratique. Et dès lors que la pratique est animée par le plaisir de soi en mouvement, la danse devient admirable. Filmer cela, je l'affirme est un art, un art de vie, un art de la pulsation avant d'être un art de forme.

Quelques expériences

En huit ans, j'ai eu la chance d'avoir accumulé une riche moisson d'expériences. J'en reprends quelques unes, dans l'ordre chronologique.

Le 8 mai 2018, nous nous sommes retrouvés, trois danseuses, Sarah Nouveau, Sarah Duthille, Pascaline Verrier et moi, dans un café populaire de Lille Fives, l'Epi-d'Orge. Nous bénéficiions de la complicité de Nadia, la gérante du lieu. Une télévision diffusait la retransmission des cérémonies du 8 mai. Après un "round" d'observation, les trois danseuses se sont emparées de la retransmission pour se lancer dans une improvisation évoquant ces cérémonies, avant de venir trinquer avec l'un des vieux clients du café, attablé un peu plus loin.

J'ai filmé d'une façon très "rentre-dedans", dans des conditions de lumière difficiles, souvent en contre jour. J'ai refait plusieurs fois le montage, dont l'un en 2020, sous l'appellation "Trillogique café". Je n'avais pas conscience que ce travail de montage était une opération cinématographique et chorégraphique... ou presque - http://play.cinet.fr/trillogique



J'ai eu le bonheur de faire plusieurs autres films avec Sarah Nouveau, en 2021, dans le cadre d'une résidence artistique sur le thème "Le corps en jeu", dans des lieux originaux des Hauts-de-Flandre : la salle désaffectée d'Histoire naturelle du musée du Mont de piété, à Bergues ; à Wormhout, la maison de Jeanne Devos, l'une des premières femmes photographes professionnelles ; Le café des Orgues, à Herzeele, peu de temps avant la disparition de son propriétaire, Bernard Ameloot.

Dans le texte de présentation, Sarah Nouveau écrivait : "Sous le regard complice de Jean Miaille, Mélody Manceau, Jérémie Crombeke et Sarah Nouveau improvisent en immersion dans le lieu. Ou comment une danse sans public trouve un autre chemin vers le spectateur..." - http://flandre.cinet.fr/

Autres expériences, cette même année 2021, avec Marguerite Péchillon et quelques unes de ses danseuses, l'une avec Céline Dubreux, Karine Degrendele, Aline Croenne, dans un quartier de Lille en rénovation, sous une pluie verglacée, lors d'un happening dansant, défiant à la fois l'hiver et la triste épidémie que l'on sait - http://play.cinet.fr/pluie ; l'autre avec Delphine Chiocci, Clara Janin, Manon Le Moigne, dans le parc Barbieux, à Roubaix, par une douce lumière d'automne, pour un hymne à la gloire d'arbres offrant leur majestueuse immobilité à la danse - http://play.cinet.fr/parques_b

Impro solo

Nouvelle grande aventure, cette fois en solitaire, en 2020, avec Laureline Mialon, danseuse de formation classique, attachée à l'expression classique. Nous avons réalisé cinq films dans des lieux les plus improbables les uns que les autres : le théâtre de Denain, salle et scène, le Clarance et l'hôtel Crépy-Saint-Léger (ancien siège de la Banque de France), à Lille, enfin et surtout : le terril de Loos-en- Gohelle, dans le Pas-de-Calais et l'usine de dentelle leavers, Noyon à Calais - http://lau.cinet.fr/



Nous nous sommes complètement lâché, aussi bien Laureline dans l'improvisation que moi dans l'usage de ma caméra. Sans doute y-a-t-il des défauts - de jeunesse, dira-t-on - mais sans aucun doute, ces pas classiques dans des lieux aussi singuliers, leur confèrent-ils un parfum particulier.

C'est une approche que je viens de renouveler, cet été 2022, avec Célia, une danseuse de Douai, sur un ancien carreau de mine dans le Pas-de-Calais. Dans cette cathédrale pour partie démolie, la lumière s'infiltre par des dizaines d'orifices, éclairant les évolutions de la danse de façon aléatoire, soulignant l'anachronisme entre l'élégance des pas et la déglingue du lieu, griffé de nombreux tags - http://play.cinet.fr/celia



La chorégraphie après la danse

Dire d'une réalisation qu'elle relève de l'improvisation est parfois une façon de la déconsidérer. Pour ma part, J'ai observé la chose suivante : dès lors que l'intention initiale est claire, l'improvisation coule de source et le montage s'impose de lui-même, parfois même dans plusieurs directions. Si le hasard joue un rôle dans l'improvisation, l'improvisation ne relève en rien du hasard.

La spontanéité s'invite dans le ballet. Celle-ci peut s'épanouir et trouver une expression aboutie au moment de l'écriture cinématographique et de la composition musicale. Peut-il exister une chorégraphie écrite a posteriori, qui magnifie la danse plutôt que lui dicter sa conduite ? Crime de lèse-majesté ?

La musique

Lorsqu'une chorégraphie est bâtie autour, sur, avec une musique, la réalisation audiovisuelle se doit de respecter le déroulement de celle-ci et d'assurer une juste synchronisation avec la danse. Tout au plus est-il parfois possible de faire quelques coupes quand interviennent des impératifs de durée.

Dans le cadre d'une improvisation, les danseurs s'accompagnent parfois d'une musique diffusée par une mini enceinte. Le rôle de la musique, dans ce cas, est plus d'impulser un tempo, voire de marquer des repères culturels. Arrivée au montage, la problématique de la musique s'inverse : de contrainte, elle devient... quoi, au juste. Décorative ?

Techniquement, il est quasi impossible d'assurer la continuité d'une ligne musicale enregistrée au tournage, dans la mesure où le découpage puis le montage des plans filmés en improvisation ne tiennent que très rarement compte de cette continuité sonore.

La plupart des improvisations que j'ai filmées l'ont été sans musique. Je me suis surpris moi-même en ajoutant la "Lac des cygnes ", de Tchaïkovski, aux images filmées dans l'usine de dentelle, à Calais, ou "la Valse" de Ravel, à celles tournées sur le terril de Loos-en-Gohelle, alors que ni Laureline ni moi n'avions évoqué cela lors des tournages.

A mon sens, la musique doit demeurer un acteur de premier plan dans toute danse, même s'il ne s'agit que du bruissement du vent dans des arbres. J'ai eu l'occasion d'en discuter avec quelques compositeurs musiciens dont certains se disent intéressés pour essayer de travailler la musique en post production plutôt qu'en amont d'une chorégraphie. A suivre.

L'enjeu du public

L'audiovisuel est un vecteur formidable pour toucher un public plus large que celui qui fréquente les salles de spectacle et pour faire découvrir à ce même public les créations et les formes les plus variées de la danse. D'une façon ou d'une autre, l'audiovisuel est un pourvoyeur pour les cours de danse, le salles de répétition, l'expression vivante de soi.

"Est-ce nous qui dansons ou la terre qui tremble ? ", chantait Claude Nougaro, au lendemain de mai- juin 1968. Je préfère penser que c'est la danse qui fait trembler la terre, fusse en raison du nombre de danseurs en mouvement.

Ma seconde direction

Je souhaite mettre mon savoir faire audiovisuel au service des improvisations et des cheminements chorégraphiques les plus divers, les plus farfelus ou les plus sérieux, en associant des musiciens à ces cheminements.


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